C’est pas le Pérou, mais c’est bien quand même !

Toi aussi, alors que tu fantasmais sur un voyage aux Keys Island ou à Stockholm avec tes copines, tu t’es finalement retrouvée à pleurer devant Opodo, appuyant compulsivement sur F5 en espérant que les montants à 4 chiffres des vols qui s’affichaient là sous tes yeux n’étaient qu’un bug temporaire. Toi aussi tu rêves d’updater ton statut facebook de destinations toutes plus exotiques les unes que les autres pour prouver à tes copains de maternelle que t’as jamais revu à quel point ta vie est réussie aujourd’hui, quand bien même tu t’étais mangé violemment la face contre un poteau du préau, mais en réalité tu attends les APL comme si ta vie en dépendait. Correction : ta vie en dépend effectivement.

Bref, t’aimerais que tes vacances claquent, mais en fait, tu penses ne pas en avoir les moyens. Pourquoi ne pas économiser une part non négligeable de ton budget en restant… EN FRANCE ? Et ouais, la France, c’est pas le Pérou, mais c’est bien quand même !

Polynésie ? Non. Voici l’Île de Bréhat, au Nord de la Bretagne. Mini-archipel – l’Île de Bréhat comporte 86 îlots et récifs, c’est pas encore tout à fait le Japon qui n’a rien eu de mieux à faire que de se morceller en 3000 îles, l’Île de Bréhat est aussi le 1er site naturel classé de France, puisque cette distinction lui a été attribué le 13 juillet 1907 !
Connue pour sa flore exceptionnelle – bénéficiant d’un micro-climat, Bréhat abrite mimosa, myrtes, figuiers, bruyères, vous y trouverez aussi, très pittoresque, du granit rose et des côtes déchirées, modelées par les vagues s’écrasant avec violence contre les falaises, et qui ont donné à l’île ces paysages côtiers désertiques. Toute petite île (elle héberge moins de 1000 habitant hors saison touristique!), Bréhat fut certes le lieu de villégiature des Frères Goncourt, de Colette ou de Marc Chagall, mais surtout hébergea des monastères (ce serait dommage que le christianisme passe à côté d’une telle surface : 3 km²) et fut aussi un haut lieu stratégique et militaire, puisque l’île fut régulièrement envahi par les Anglais !

Pour celles qui se passionnent pour la préhistoire, il faut absolument aller dans le Périgord. Quand le temps est doux vous admirerez les petits villages du Lot, de Corrèze, longeant la Dordogne, mais aussi le village troglodyte de la Madeleine, où il y a 12.000 ans, s’étaient installés les magdaléniens, ou encore la façade du château des Eyzies !

Et, quand le soleil devient trop écrasant, vous trouverez toute la fraicheur nécessaire dans les nombreuses grottes, cavernes et gouffres qui peuplent la région. Au programme : cascades, stalagmites, stalagtiques, mais aussi peintures rupestres : des visions (et souvenirs) absolument uniques. Et c’est chez nous ! Lascaux est fermé depuis longtemps, mais vous pourrez visiter « Lascaux II », sa réplique, ou bien la grotte de Rouffignac et ses 250 représentations (mammouth, bouquetins, bisons) vieilles de 130 siècles, Pech Merle ou la Grotte de Niaux. Et si vous préférez la géologie, rendez vous aux gouffres de Proumeyssac, de Maxange, de Padirac, ou du Grand Roc !

A défaut d’aller en Italie, admirez la Renaissance à domicile !

Autour du 16ème siècle, des guerres font rage entre le Royaume de France et les villes du Nord de l’Italie, au passage, nos aïeux ne manquent pas de tomber en pâmoison devant quelques fresques, merveilles architecturales et autres  sculptures monumentales en ces contrées transalpines. L’Italie abrite alors quelques villes rendues très riches par l’artisanat et le commerce, et l’art, tout comme la science, s’y développent comme nul part ailleurs.

Pas complètement teubé, notre roi François 1er (qui règne de 1515 à 1547) appelle les meilleurs ouvriers et rénove toute une série de châteaux, situé dans la vallée de la Loire, où la Cour a l’habitude de prendre ses quartiers, dans le plus pur style renaissance. Ainsi apparaissent (ou sont restaurés au goût du jour) Blois, Amboise, Chenonceau, l’extravagant Chambord (construit de manière très ingénieuse et qui mèle architecture gothique, médiévale – son carré central, ses quatre tours et ses enceintes rappelles les châteaux forts, aux volontés italianisantes du siècle, culminant dans le majestueux « escalier à vis », peut-être pensé par de Vinci), mais on soigne également les jardins qu’on agrémente de bosquets, labyrinthes et où l’on introduit la perspective comme à Villandry.

Les châteaux de la Loire abritent, non seulement œuvres architecturales, scientifiques et artistiques, mais aussi mythes, légendes et trahisons en devenant le théâtre de multiples bals, fêtes et tournois puisqu’y établirent résidence Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Henri II, ou des poètes comme Ronsard et du Bellay… Si vous êtes dans la région, détour obligatoire par le Clos Lucée, l’atelier de Léonard de Vinci quand il séjourna en France, après avoir marqué de son génie Florence et Milan !

Pour des vacances un peu hype, un peu détente : vous voulez vous la coulez douce mais avec style, il faut aller à Hyères, au sud de à peu près tout en France. Belle ville, coincée entre Fréjus et Toulon, elle fait face à la méditerranée mais surtout à un archipel d’îles, les « ïles d’Or » (Porquerolles, Le Levant ou Port-Cros), qui constituent l’extrême pointe méridionale de la Provence. Le climat, comme on peut l’imaginer, y est doux, la végétation luxuriante, aussi la ville, au XIXème siècle, voit pulluler sanatoriums et maisons de soins, où les poètes malheureux et autres écrivains torturés viennent passer l’hiver – Robert Louis Stevenson aurait dit qu’il n’aurait été heureux « qu’à Hyères » !

Aujourd’hui, la ville accueille, chaque printemps, un festival de mode et de photographie internationale. Vous y trouverez la très belle villa Noaille de Mallet-Stevens, construite en 1923, (pour les parisiennes, faites vous l’oeil avant dans le 16ème dans la rue à son nom ou, dans le 15ème, en allant voir la Maison et Atelier du maître verrier Barillet, square Vergennes), Francis Jourdin ou Mondrian participèrent à la décoration. C’est une région où il ne peut faire que bon vivre, où vous verrez de beaux paysages (c’est ici que Godard choisit de filmer « Pierrot le Fou »!), faits de calanques, criques et gorges, arbousiers, pêchers, oliviers, et même un peu sauvages si vous parvenez à vous y rendre en fin d’été et prenez le temps d’explorer les sentiers des îles voisines…

Vous avez l’âme d’Alexander MacCandless, le héros de Into The Wild ? Pour vous les vacances signifient évasion, nature à perte de vue, et méditations au bord d’un ruisseau ? Pas la peine d’aller au fin fond du Canada, commencez par les Pyrénées !

Les paysages y sont très variés, entre forêts, gouffres, canyons, lacs et pâturages : vous aurez de quoi vous promenez. Qui plus est, les cols y étant moins élevés que dans les Alpes, inutile d’être une randonneuse chevronnée pour y faire de belles balades. Certes, le Cirque de Gavarnie, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, culmine à 3000 m, il faut le mériter, mais les efforts vaudront certainement le coup. Vous pourrez aussi marcher au grand air dans la Vallée d’Aspe ou à la recherche des lacs des Ayous !

Voilà, c’est pas un drame de pas aller à New York ! Et vous, quelles destinations françaises recommanderiez vous à nos lectrices ?