Mon idole : Angelina Jolie

Angelina Jolie, c’est d’abord un visage : des yeux immenses, des lèvres outrageusement charnues et accessoirement, une plastique impeccable. C’est aussi un personnage troublant, insondable, qui ne laisse jamais indifférent. Elle inspire parfois la haine, la jalousie, et bien souvent la fascination voire l’obsession. Une femme imposante, une actrice impressionnante, détentrice d’un Oscar et capable d’être au générique d’un film d’action comme Salt et d’y endosser un rôle d’abord prévu pour… Tom Cruise.

Oscars 1996, avec son père John Voight

Mais sous le glamour lisse des images en papier glacé, se cache une véritable complexité. Quand, à 11 ans, la jeune Angelina Jolie Voight, fille des acteurs, alors divorcés, John Voight et Marcheline Bertrand, décide de devenir elle-même actrice et de se lancer dans le mannequinat, tout n’est pas si simple. A cette époque, elle porte un appareil dentaire et des lunettes, et fait souvent face aux moqueries de ses camarades. Son mal-être et son manque de confiance en elle font vite d’elle une marginale, marginalité cultivée par sa passion pour les couteaux, la sang et la mort. Peu réjouissant.

A 14 ans, elle quitte le domicile de sa mère pour vivre avec son petit-ami punk. Elle se teint alors les cheveux en rose, porte du noir et a pour hobby la mutilation. Au même moment, elle abandonne ses lunettes, son appareil et se lance dans le travail de mannequin. Une revanche sur son image qui lui permettra de regagner confiance en elle et de retourner au théâtre pour interpréter son premier rôle : celui d’une dominatrice allemande. Mais son malaise perdure, et sa confiance joue au yo-yo.

Extrait de Hackers (1995)

De ses débuts au cinéma, on retiendra ses plus grands rôles et ce qu’ils reflétaient de sa façon d’être. L’image d’Angelina Jolie est faite : elle est sulfureuse, dangereuse et instable. En 1988, dans un téléfilm biopic d’HBO, Femme de Rêve, elle incarne le top model des années 1970, Gia Marie Carangie. Un mannequin à la vie dissolue, qui perd pied dans la drogue, vit une histoire d’amour avec sa maquilleuse et succombe du virus du SIDA à l’age de 26 ans. Ce rôle lui vaudra un Golden Globe. Plus tard, en 1999, elle vole la vedette à Winona Rider dans Girl, Interrupted (Une Vie Volée). Dans ce film elle est Lisa Rowe, leader inspirée d’un petit groupe de jeunes femmes dans une institution psychiatrique. Un personnage tour à tour bouillonnant, agressif, mais aussi dépressif. Ce rôle, qui lui vaudra un deuxième Golden Globe, et, un Oscar, confirme définitivement son talent d’actrice auprès du public et des professionnels.

Pourtant la presse se délecte surtout de ses frasques et de ses déclarations sur ses relations amoureuses. Lorsqu’elle était mariée à Jonny Lee Miller (Sick Boy dans Trainspotting), qu’elle rencontre sur le tournage de son premier film hollywoodien Hackers en 1995 elle déclarait : « Vous êtes jeunes, vous êtes ivres, vous êtes dans un lit, vous avez un couteau, des conneries arrivent… ». Pendant le tournage de Gia, ils divorceront. Le mariage aura duré un an. « Nous étions trop jeunes. »

Sur le tournage des Aiguilleurs, en 1999, elle rencontre Billy Thornton qu’elle épouse en 2000, faisant exploser en vol le couple qu’il formait depuis plusieurs années avec l’actrice Laura Dern (briseuse de ménage round 1). Leur histoire alimente des pages et des pages de magazines, qui décrivent leur façon assez démesurée d’exprimer leur amour et leur attachement. Jolie portait par exemple, autour du cou, une fiole contenant le sang de son époux. Mais c’est toujours marié qu’elle rencontre, sur le tournage de Foxfire, l’actrice androgyne Jenny Shimizu, avec qui elle aura une relation amoureuse, révélant ainsi sa bisexualité. La presse ira plus loin encore en lui attribuant également une relation avec son frère, le réalisateur et acteur James Haven, après qu’elle ait déclaré, lors de la cérémonie des Oscars en 2000, « Je suis tellement amoureuse de mon frère en ce moment. »

Même si elle déclare qu’ « au fond, [elle est] encore et [sera] toujours juste une gamine punk avec des tatouages », de son passé turbulent, il ne reste aujourd’hui plus aucune trace.

Trois événements qui ont contribué à apporter un tournant dans sa vie, une stabilité, une voie vers l’âge adulte. Le premier : sa découverte du Cambodge lors du tournage de Tomb Raider en 2001, qui la sensibilise aux crises humanitaires. Cette année-là, à la fin du tournage en janvier, elle ne rentre pas. Elle se rend dans les camps de réfugiés pour en savoir plus. Elle poussera son périple jusqu’en Sierra Leone, en Tanzanie et au Pakistan. Témoin des difficultés de ceux qu’elle y rencontre, elle fera des dons et deviendra en août Ambassadrice de bonne volonté pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.

Deuxième révélation : l’adoption au Cambodge de Maddox Chivan en 2002. Ce nouveau rôle de mère, l’assagit et peut-être même la réconforte. Tant et si bien que cette adoption ne sera pas la dernière.

Troisième virage : sa rencontre avec Brad Pitt, dont les conditions feront, aussi, renaître de leurs cendres son image d’actrice prédatrice et briseuse de ménages. Pourtant, leur histoire, qui dure depuis 7 ans lui donne surtout de la stabilité, et, auprès du public, l’image assagie de mère d’une grande, grande famille.

Aujourd’hui, Angelina Jolie représente parfaitement l’actrice hollywoodienne, par son glamour et ses cachets astronomiques, tout en en évitant la superficialité, notamment grâce à la constance et à la nature de son action humanitaire. Elle agit. Pour la première fois, d’ailleurs elle passe derrière la caméra et réalise un film. Au pays du sang et du miel, une mise en image sans détour sur le siège de Sarajevo. «Je n’avais pas prévu de faire un film sur la guerre en Bosnie, ni de devenir réalisatrice. C’est cette histoire qui m’y a forcée. Je sentais qu’il fallait en faire un film, que le sujet devait être abordé. (…) Il y a encore tellement à faire en ex-Yougoslavie. » Sorti aujourd’hui, le film est très bien reçu en Bosnie, beaucoup moins en Serbie. Le quotidien Kurir estime que les Serbes y sont représentés comme des “terroristes, égorgeurs et violeurs en série”. A vous de vous faire votre avis !

À propos de Rookie

Débutante.

Publié le 23 février 2012, dans Bouillon De Culture, Ciné, Monidole, et tagué , , , , . Bookmarquez ce permalien. 7 Commentaires.

  1. Je me suis jamais vraiment intéressée à Angelina Jolie parce que à part dans L’échange, je n’ai jamais trouvé ses choix de rôles vraiment … en adéquation avec mes goûts quoi. Mais là, découvrir un peu le cheminement de sa vie je sais pas, ça change mon regard, sans pour autant l’admirer.
    En tout cas, ça me donne bien envie de voir le début de sa filmographie, que je ne connaissais pas du tout.

    J’aime

  2. Je me reconnais dans ce qu’a dit Greymalkin. Les stars de Hollywood qui me fascinent sont justement les personnalités élégantes, effacées, je m’y identifie bien plus que les personnalités ou les physiques imposants. Je n’aime pas le côté glacial de Angelina Jolie malgré son physique de chaudasse, je la trouve trop inaccessible dans son physique, une beauté irréelle mais pas dans le bon sens du terme. D’ailleurs étrangement les photos sur lesquelles je la trouve magnifique sont celles où, soit, elle n’est pas maquillée, soit photoshopée de sorte à affadir ses traits.

    Quant à ses multiples gosses adoptés, j’avoue que cela m’agace, avec son agenda overbooké je vois pas l’intérêt d’agrandir autant sa famille, si ce n’est pour se donner bonne conscience. Est-ce qu’elle est Brad Pitt s’occupent véritablement de toute cette flopée d’enfants? ou c’est des domestiques? je ne remets pas en cause le fait que ce soit de bonnes actions, mais il y a un côté too much qui me fait douter du bien fondé, et même de l’efficacité de ces bonnes oeuvres.

    J’aime

  3. (Comment j’hallucine, on m’a toujours dit que je lui ressemblais beaucoup, et sur la première photo où elle est petite ça me frappe vraiment ! J’ai cru que c’était moi en la regardant « vite fait » au début !)

    Très bon article, j’ai toujours eu une certaine fascination pour elle (on m’a tellement répété que je lui ressemblais que… un peu forcé !), et d’ailleurs je crois que j’ai fini par vraiment me reconnaître en elle, du moins à ses débuts. J’espère avoir une fin aussi heureuse !
    Cet article donne vraiment envie de regarder des films où elle a pu jouer !

    J’aime

  4. @Bagheera, Mea Culpa pour les fautes. C’est corrigé!
    En tout cas, il y a tellement de choses à dire sur Angelina Jolie. J’ai surement fait l’impasse sur certaine choses, mais ce que je trouve le plus passionnant chez elle, c’est son parcours, et le tournant qu’a pris sa vie.
    Et merci pour vos commentaires!

    J’aime

  5. Merci pour cet article bien articulé sur cette personnalité envoûtante qu’est Angelina Jolie 🙂 Seul bémol, les quelques fautes d’orthographe / fautes d’inattention par-ci par-là : « Vous *être* jeunes » / « exploser en vol*e* ».

    Ça m’a donné envie de me plonger un peu plus dans sa filmographie du début. Pour moi aussi c’est une femme accomplie, forte, couillue, charismatique, sexy en diable, intelligente et généreuse, bref, une vraie star qu’on peut ADMIRER (talents multiples, qualités physiques, humaines et intellectuelles) comme il y en a peu aujourd’hui.

    J’aime

  6. Moi au contraire de Florence j’adore ses excès, complètement idiots, ses fioles et ses tatouages, ses multi bébés adoptés, j’aime bien parce qu’aussi maboule que ça a l’air d’être c’est fait avec intelligence et jusquauboutisme. J’adore même son physique excessif, c’est, je dois l’avouer, ce qui se rapproche le plus de mon « idéal féminin ». Je la trouve moderne, forte, brillante, pleine de failles (son poids est toujours un peu préoccupant depuis quelques années), elle est une des rares à utiliser le big system Hollywood a bon escient, elle manipule la grosse machine pendant que d’autres se font écraser par cette dernière, je suis hyper admirative.
    La première fois que je l’ai vu c’était dans Gia je crois, qui, pour un téléfilm, est vraiment bien écrit, et surtout hyper bien interprété. C’est une excellente actrice, on a tendance un peu à l’oublier (faut dire qu’elle est tellement multi fonction, sans pour autant s’éparpiller, ça aussi j’admire !).
    Je comprends pas toujours son intérêt pour les films d’action, mais je crois que c’est surtout pour financer ses autres projets, et s’éclater un bon coup, au sens propre : faire des arts martiaux, tirer au gun…
    Après, j’ai un peu peur d’Au pays du sang et de miel, même si je salue les choix qu’elle a fait (tourné dans la langue d’origine, dans le pays d’origine, sans aucune star, c’est quand même super couillu). Le problème c’est que c’est pas une réalisatrice, d’une part, et que c’est un métier, et qu’elle est, en plus, pas très objective, du coup je ne sais pas ce que ça vaut historiquement parlant. Néanmoins comme elle le dit elle même, « Srebrenica, ça a bien existé ».
    En tous cas merci Rookie, super bon article, (et super bonnes photos !)

    J’aime

  7. Merci pour ce portrait qui montre les différentes facettes du personnage ! Je trouve souvent qu’elle en fait « trop », ce qui ne me la rend pas extrêmement sympathique, j’ai aucune fascination pour l’excès, je me demande à quel point les journalistes forcent le trait également, ayant trouvé leur cliente passionnée, passionnelle, lionne comme elle se définit elle même!

    Mais je savais pas cette histoire de rôle réservé à Tom Cruise qui lui est revenu, ça c’est génial, si seulement Hollywood pouvait plus souvent mettre en concurrence et sur un pied d’égalité homme et femme, acteur et actrice, pour des rôles de GENS, plutôt que d’avoir des rôles pensés pour un homme ou pour une femme, le monde serait je crois meilleur. Rien que pour ça, all hail Angelina !

    J’aime

Laisser un commentaire