Monidole : Kate Bush, la sorcière du son

Je pourrais aborder Kate Bush en prenant le mythe par son commencement : son enfance en Angleterre dans la bien nommée ville de Bexleyheath, sa formation de danseuse, de mime, sa famille prompte à encourager le talent de la jeune, très jeune Cathy… Mais Kate Bush plus qu’une histoire c’est une sensation, un remède, une mythologie, une magie. Sa musique parle à l’âme de ceux qui veulent bien l’entendre, tant et si bien que la presse la surnomme bientôt « la sorcière du son« , et plutôt que de la décrire avec des mots qui seront forcément trop pompeux, je préfère la partager avec vous.

Préambule

En tant qu’enfant chérie des années 80, je connaissais Kate Bush comme tout le monde : la conteuse étrange de Wuthering Heights, la folle dingue de Babooshka, la rêveuse de Running up that hill. Et puis j’ai traversé, comme tout un chacun certainement, un épisode difficile, une sensation de vide infini, de murs lisses contre lesquels on glisse, de chute inexorable vers le néant, quand tout et n’importe quoi nous traverse et nous heurte, jusqu’à en perdre le plus basique : respiration, expiration.

Il est des gens qui dans de telles situations s’engagent dans l’humanitaire, pour se heurter à la vie, voient un psy, écrivent des livres. Je ne saurais plus dire comment je suis tombée sur l’album Never For Ever de Kate Bush et surtout sa 11ème piste : Breathing.

« Out, in, out, in, out, in« , écoutant cette chanson quotidiennement, plusieurs fois par jour, je me suis laissée bercée par Cathy, par cette drole de litanie qui me comprenait, me confortait dans l’idée que cela allait aller, qu’il fallait juste que je réapprenne à respirer. Out, in, out, in, out, in, out, j’ai laissé Kate Bush et sa médecine douce me soigner, encore aujourd’hui cette chanson est mon remède à moi, mon ange, mon cocon, un mantra très personnel qui me guide et me rassure.

Le clip pourrait tout aussi bien avoir été produit par l’ordre du temple solaire, mais hey, c’est Kate Bush : nous aurons bien d’autres occasions de parler de sa façon de bouger.

Retour en 1974  : Kate Bush a 16 ans quand elle est remarquée par David Gilmour, le guitariste des Pink Floyd, rien que ça. Pendant 4 ans il s’escrimera à faire produire son premier album à Cathy, et c’est en 1978 que l’Angleterre et bientôt le monde s’écoutera raconter l’histoire des Hauts de Hurlevent par une voix suraigue, et kiffera ça.

Le deuxième single de l’album, The Man With The Child In His Eyes, calme le jeu et invite à la rêverie au piano. Une anecdote tout de même : Kate Bush le compose alors qu’elle n’a que 11 ans. Normal.

Tout le monde connait Babooshka, l’a au moins entendue une fois en tous cas, et sait fredonner « Babooshka babooshka babooskiyayaaaa« . Le clip, lui, n’aura pas résisté aux années 2000, pourtant, voir Kate Bush fusionner avec un violoncelle et se transformer en guerrière de l’espace , ça vaut le détour.

Avec Running up that hill on passe un nouveau stade : celui de la légende. Kate Bush écrit et interprète un hymne volontaire et signe son statut de muse : Running Up That Hill devient une référence, inspire les générations d’après, de Madonna à Florence Welsh en passant par la grande Tori Amos, et connaitra une seconde jeunesse grâce à une reprise bizarrement réussie de Placebo (on peut d’ailleurs considérer qu’il est le seul morceau réussi de Placebo – si si, on peut).

Cloudbusting jouit d’un clip sublime où Cathy, en couple avec Donald Sutherland (le papa de Jack Bower), invente une machine à fabriquer des nuages. L’occasion de découvrir une des grandes forces de Kate Bush : la dimension poétique de son oeuvre.

Don’t Give Up c’est LE tube international qui a fait pleurer le monde entier : Peter Gabriel vient de quitter Genesis pour se lancer dans une brillante carrière solo, Kate Bush a fait irruption dans le punk anglais en imposant un romantisme décomplexé et complètement frapadingue, quand ces deux là se rencontrent, c’est le coup de foudre, et leur bébé, un chef d’oeuvre pop. « Accroche-toi » assène Kate à Peter, joignant le geste à la parole, prenant de toutes ses forces dans ses bras celui qui semble à deux doigts de lacher prise. Magique.

Les tubes de Kate Bush s’arrêtent en 1986, après le best of The Whole Story. Kate avait de toute façon préparé le terrain : en 1980, elle construit son studio chez elle et devient sa propre productrice, mettant par la même occasion au feu les obligations de chiffres, de bénéfices, et de compte à rendre aux maisons de disques. Artiste complètement libre, Kate Bush peut se targuer d’avoir toujours fait ce qu’elle voulait, comme une interruption de 12 ans dans sa carrière pour s’occuper de son fils ou un Director’s Cut en 2011 : la reprise de certains de ses titres avec une production plus « organique », par opposition à la production jugée trop froide des années 80.

Votre initiation à Kate Bush est désormais terminée. Je ne vous souhaite pas d’entamer comme moi une obsession pour cette chanteuse (je vais bientot lui demander de m’adopter, c’est une passion éprouvante), mais si cet article pouvait vous donner envie d’écouter un de ses albums en entier, mon pari serait gagné.

Pour finir, un cadeau : la reprise live du tube Rocket man d’Elton John, sorti en 1990. Je sais, je suis trop bonne avec vous.

À propos de Aime Pi

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Publié le 9 septembre 2011, dans Bouillon De Culture, Monidole, Musique, et tagué , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. 4 Commentaires.

  1. moi aussi, j’aime beaucoup les albums de cette chanteuse, ils sont très riches et j’en découvre leur mystère chaque fois davantage, à chaque écoute: les bruits de fond, les sons, les voix… quel talent !
    as-tu écouté son dernier album ?
    elle ne faiblit pas !

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  2. Aaaah j’ai honte je savais même pas que c’était elle Running up that hill. Enfin je me disais bien que c’était bizarre que j’aime celle de Placebo alors que j’aime pas Placebo, mais j’avais pas creusé plus loin.
    Je suis un peu moins bête maintenant alors.

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  3. Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir ce que tu dis Rookie !

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  4. Pari gagné Khiera!
    Je connaissais pas du tout Kate Bush, et à peine Babooshka. Et j’aime beaucoup sa voix, son côté mime et danseuse, bien mis en avant. Son surnom de sorcière du son est bien mérité. C’est magique ce qu’elle fait.

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